Homophobie et harcèlement sexuel chez Primark ?

Depuis la parution de nos enquêtes sur Primark en 2016 et 2017, de nombreux témoignages continuent d’affluer à la rédaction. Ces derniers mois, plusieurs salariés et ex-salariés ont affirmé avoir été victimes de propos homophobes et d’harcèlements sexuels de la part de leurs supérieurs.

Alors que l’enseigne irlandaise de mode à prix cassés vient d’inaugurer son quatorzième point de vente en France, à Toulouse, les problèmes concernant les conditions de travail (que nous avions évoqués lors de nos précédentes enquêtes), semblent être toujours d’actualité. C’est en tout cas ce qui ressort des témoignages de nombreux salariés et ex-salariés de Primark, qui contactent régulièrement la rédaction pour nous faire part de leur expérience. Cette fois-ci l’accent semble être davantage mis sur des cas de discriminations et de harcèlements sexuels, avec certains témoignages poignants. 

Homophobie

Alexia*, ex-salariée au Primark de Lille : « Une des pires choses à mes yeux dans le travail chez Primark, c’est l’homophobie. Alors même que le magasin a lancé cet été une collection en partenariat avec l’association LGBT Stonewall, l’homophobie est très présente dans le magasin et surtout de la part de la direction. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’entrer dans les cabines, et d’entendre certains salariés tenir ouvertement des propos homophobes. J’ai trouvé ça très choquant puisque ce magasin emploie de nombreuses personnes LGBT, et entendre ces propos sur le lieux de travail crée un malaise et donne l’impression que nous ne sommes pas les bienvenus. Après cette scène, j’ai échangé avec un collègue gay qui travaille depuis plusieurs mois au Primark de Lille, également, et ce dernier m’a confirmé que même des managers font des remarques homophobes et se moquent des employé(e)s homosexuel(le)s derrière leur dos. Ce sont des pratiques connues de beaucoup (dans ce magasin en tout cas), ce qui en pousse certains à démissionner. En effet, l’un des collègues de ma sœur, qui avait travaillé au Primark de Lille à son ouverture, avait démissionné à cause des remarques homophobes et du harcèlement dont il était la cible. »

Harcèlement sexuel

Karine*, ex salariée au Primark de Val d’Europe (Marne-la-Vallée) : « J’ai malheureusement l’habitude que certains hommes se comportent de façon déplacée avec moi, mais chez Primark un pallier a été franchi. Ça a commencé lors de ma formation, le dernier jour, mon responsable m’a pris à part et m’a dit : “J’aimerais t’emmener à l’hôtel pour te baiser”. Une fois en magasin les insinuations sur mon physique et sur ma façon de me vêtir n’ont jamais cessé, et le pire c’est que j’avais l’impression que ça ne choquait personne. Il faut dire aussi que la promotion canapé n’est pas une légende chez Primark. Je me souviens même d’une vendeuse qui m’a dit : “Moi aussi je suis prête à coucher avec le patron pour avoir une promotion”. »

Notre enquête de 2016 : L’enfer Primark  
Nos enquêtes de 2017 : Primark le hold up social (1/2)   
Primark le hold up social (2/2)   


Des propos qui font échos à ce que nous évoquions lors de notre précédente enquête, en 2017. 
Karima*, salariée au Primark de Cagnes-sur-Mer : « “Elle est passée sous le bureau“, c’est ce qu’on se dit entre nous lorsqu’on apprend une promotion. Après je ne dis pas que c’est le cas à chaque fois, mais je sais par exemple qu’il y a certains managers qui profitent de ce système pour draguer les vendeuses. Ça m’est moi-même arrivé, je n’ai bien entendu pas donné suite ».
Ou encore Ibrahima*, ex manager au Primark d’Aulnay-sous-Bois : « Plusieurs fois j’ai entendu qu’on faisait la misère aux filles qui refusaient les avances de certains managers ». 

Partagez votre expérience

Dans le contexte actuel, ce genre de propos choque et remet sur le devant de la scène les questions de discriminations au travail, qu’elles soient religieuses, ethniques, sexuelles… A l’époque, la direction de Primark avait démenti ces accusations, qu’elle jugeait sans fondement, tout comme la centaine de témoignages sur les conditions de travail pénibles que nous avions récoltés. Face à la résurgence des témoignages ces derniers mois, nous avons décidé de relancer le sujet. En attendant, n’hésitez pas à  partager votre expérience, que ce soit chez Primark ou au sein d’une autre enseigne, dans les commentaires ou à cette adresse

* Pour des raisons de confidentialité, les prénoms ont été changés.