Du droit du travail au devoir d’en créer

L’Edito de Philippe Maurel, rédacteur en chef de Boutique2Mode, le magazine des boutiques et marques de mode indépendantes.

Les gouvernements successifs commencent enfin à faire une différence entre les petites entreprises et les multinationales. Mais les petits pas en direction des « petits patrons » sont timides : pour deux pas en avant il faut compter un pas en arrière ! Ainsi, comment nos entrepreneurs peuvent-ils gagner une course dans laquelle sont lancés toutes les économies mondiales ? La gestion d’une petite entreprise s’apparente à un collectif ou à une équipe sportive et doit donc être réactive. Le code du travail élaboré en grande partie sur la problématique des grandes industries qui employaient au siècle dernier des milliers de salariés « à la chaine » ne répond pas aux logiques des TPE/PME et ne permet pas de résoudre LE problème national : la création d’emplois. Si la réduction des charges a permis de redonner un peu plus de compétitivité aux entreprises, il faut maintenant revoir les règles du jeu, sauf à continuer à perdre !

Quand allons-nous faire confiance aux entrepreneurs ? Notamment sur la composition de leur équipe qui doit être soudée, solidaire et qui doit épouser à 100% les valeurs de leur société.

Le dirigeant doit pouvoir licencier en cas de difficulté économiques et de ce côté, la loi El Khomri donne il est vrai un peu plus de latitude aux petites entreprises, mais l’entrepreneur doit aussi pouvoir se séparer d’un salarié qui ne s’investit pas réellement ou qui fait obstacle à la bonne marche de l’entreprise. Combien de dirigeants ont peur des prud’hommes car ils savent qu’ils ne seront pas jugés équitablement ? N’oublions pas qu’un salarié licencié bénéficiera d’un accompagnement social, d’une indemnité de licenciement et surtout d’une rémunération pendant plusieurs mois. Ce qui au passage n’est pas le cas d’un gérant indépendant, qui en cas d’échec ne bénéficiera ni du chômage, ni d’indemnités et se retrouvera le plus souvent avec des cautions bancaires à honorer. Alors quand le gouvernement propose de limiter à 15 mois d’indemnités prud’homales, puis retire sa proposition sous la pression de la rue, il ne faut pas s’étonner que les entrepreneurs indépendants n’embauchent toujours pas. « Le droit du travail » doit s’appliquer à tous, protéger le salarié, mais garantir aussi à la société et au dirigeant le droit de travailler efficacement. Enfin peut-on parler des droits, sans parler des devoirs et plus précisément « du devoir » de créer des emplois aux centaines de milliers de personnes qui se retrouvent eux… en fin de droits.