10 propositions pour dynamiser le secteur de la chaussure

La Fédération des Détaillants en Chaussures de France, qui fête ses 100 ans, vient de publier un livre blanc contenant 10 propositions urgentes pour la profession.

5 350 points de vente, dont près de 90% sont installés en centre-ville, c’est dire l’importance des détaillants en chaussures pour la vitalité de nos coeurs de ville ! Pour autant, entre l’augmentation des achats sur le net, la multiplication des zones commerciales périphériques, la concurrence de plus en plus féroce sur les prix, ou encore le changement des habitudes de consommation, le secteur de la chaussure, à l’image de l’équipement de la personne en général, fait face à des difficultés. Même si, comme le note la Fédération des Détaillants en Chaussures de France dans son livre blanc, « nous pouvons être fiers de constater que notre profession, face aux difficultés, se bat et s’adapte. » Dans ce contexte, la Fédération publie ses 10 propositions urgentes pour assurer la pérennité des détaillants en chaussures.

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Proposition n°1 : Asseoir la taxe foncière uniquement sur la surface de vente du magasin et non sur l’ensemble de l’espace consacré à la vente et au stock

En raison de leur activité, les commerçants en chaussures ont besoin de grands espaces de stockage. Le paiement de la taxe foncière sur la taille globale du magasin (stock compris), pénalise ainsi les chausseurs selon la FDCF, qui souhaite que seule la surface de vente soit prise en considération. 

Proposition n°2 : Créer des zones franches au cœur de certaines villes et bourgs

A l’image des zones franches urbaines (ZFU), créées en 1996 pour booster l’activité économique des territoires en manque de vitalité, la FDCF réclame la mise en place de zones franches dans les centres-villes les plus affaiblis. Une mesure qui bénéficierait à l’ensemble des commerçants, tous secteurs d’activité confondus.  

Proposition n°3 : Attirer l’investissement vers les locaux commerciaux de petite taille

« Cette mesure conduirait à disposer de locaux commerciaux avec des loyers inférieurs à ceux du marché », explique la FDCF. En contrepartie d’un engagement de location à prix modéré, des exonérations d’impôts seraient ainsi accordées aux propriétaires qui investiraient en faveur de la construction de locaux commerciaux ou de la rénovation de locaux commerciaux existants. 

Proposition n°4 : Soutenir l’investissement numérique

Alors que le e-commerce représente près de 10% du commerce de détail en France, et connaît des taux de croissance à deux chiffres depuis plusieurs années, les détaillants en chaussure ne doivent pas louper le virage du numérique. « Des aides financières (subventions, crédits d’impôt…) représenteraient un soutien pour la digitalisation du commerce de proximité », propose la FDCF. 

Proposition n°5 : Rééquilibrer la TVA entre le commerce physique et le commerce en ligne

Il s’agit de la question fiscale la plus urgente à régler à l’heure actuelle pour les acteurs de la chaussure, selon la FDCF. Dans le viseur de la Fédération, les géants du net, mais également de plus petits acteurs, qui hébergent leur site à l’étranger et, pour certains, s’arrangent pour payer moins de TVA. « Nous militons pour un système de retenue à la source, jugé mieux adapté aux particularités de l’économie numérique. Dans cette configuration, lorsque l’acheteur paie en ligne, sa banque prélève alors automatiquement 20% du montant, soit le taux normal de TVA et le reverse sur un compte du Trésor », justifie la FDCF. 

Proposition n°6 : Maintenir et privilégier les soldes, revenir à la réglementation sur le prix de référence

Contrairement à la Fédération Nationale de l’Habillement, qui s’est positionnée pour que les indépendants de l’habillement ne participent plus aux périodes traditionnelles de soldes, la FDCF considèrent que les soldes restent un évènement majeur de la saison, notamment pour écouler les stocks. En revanche, la Fédération s’insurge contre la multiplication des périodes de promotions hors soldes, qui ont fait perdre toute notion de prix aux consommateurs. Pour ce faire, elle milite pour redonner un véritable sens au prix de référence, afin que les clients puissent y voir plus clair sur le réel montant de la remise affichée. « Pour redonner aux soldes toute leur attractivité, nous proposons également de limiter, par exemple à 20%, les rabais des prix liés aux promotions », explique la FDCF.

Proposition n°7 : Institutionnaliser une semaine du commerce des centres-villes et centres-bourgs

Pour valoriser le commerce de centre-ville, la FDCF souhaite créer un évènement de type « fête du commerce de centre-ville », qui aurait lieu tous les ans, début du printemps par exemple. L’occasion pour la commune d’en faire un moment privilégié d’animation et de lien social dans son centre-ville.

Proposition n°8 : Impliquer étroitement les commercants des centres-villes dans les décisions des commissions concernant l’urbanisme commercial et créer une cartographie annuelle exhaustive du commerce en France

La multiplication des zones commerciales périphériques fait partie des principaux facteurs de dévitalisation des centres-villes. La FDCF regrette la composition trop « politique » des CDAC (commission départementale d’aménagement commercial), qui ont le pouvoir d’accepter ou refuser un projet commercial. D’où la revendication que les intérêts des commerçants des centres-villes soient mieux défendus au sein de ces institutions . 

Proposition n°9 : Financer le stock de chaussures lors des 3 premières années d’exercice

La FDCF constate que les jeunes entrepreneurs sont rapidement confrontés à des problèmes de financement de leur stock. Dans la chaussure, le délai moyen pondéré que met le produit a être vendu est aux alentours de 6 mois, alors que le paiement des fournisseurs se fait quant à lui à 55 jours. Il en résulte un besoin de trésorerie de 125 jours, soit environ 4 mois du CA HT en valeur d’achat, « ce qui est trop important pour permettre aux jeunes ne disposant pas de garantie de démarrer dans cette profession », regrette la FDCF. Face à la frilosité des banques à prêter aux entrepreneurs de la chaussure, la FDCF en appelle à la BPI – ou autres organismes bancaires – de cautionner des crédits bancaires à des taux favorables durant les 3 premières années de l’activité. Et ce pour les créateurs comme les repreneurs d’entreprises. 

Proposition n°10 : Favoriser des sources de financement complémentaires et créer un amortissement fiscal

Pour conclure, la FDCF propose 4 mesures fiscales afin de relancer l’investissement dans le secteur de la chaussure :

  1. Mettre en place un dispositif favorisant la reprise d’une entreprise par un salarié, via un amortissement fiscal de l’investissement pour le repreneur-salarié et un abattement de la plus-value de cession pour le vendeur. 
  2. Etaler sur 3 à 5 ans le paiement des droits de mutation dus par le repreneur d’un commerce.
  3. Défiscaliser une partie de l’investissement, en déduction de l’impôt sur le revenu.
  4. Déduire de la base imposable de l’IR les pertes que les investisseurs auraient subi durant la phase de lancement de l’entreprise, c’est-à-dire les trois premières années.