Dates de soldes : le débat est relancé

S’il y a des dates qui font date, certaines font aussi polémiques et concernant les dates de soldes, des polémiques aussi récurrentes que les changements de saison, et pour cause ! Chaque année, juste après le début de l’été, soit en pleine saison de vente des collections estivales, les soldes démarrent et bien évidemment font débat au sein de la profession, tant il paraît absurde de solder des collections qui correspondent précisément aux besoins des clients. Quand ce n’est pas le WHO’S NEXT contraint de changer les dates de son salon pour cause de détaillants aux abonnés absents, c’est tel ou tel syndicat professionnel ou association de commerçants qui dénoncent l’absurdité du système actuel. Cette année c’est Daniel Wertel, président de la fédération française du prêt-à-porter féminin,  qui martèle : “il manque un mois sur la saison aux commerçants pour vendre les vêtements à prix normal“. Un constat partagé par de nombreux professionnels du secteur de la mode. Rappelons que lors de notre dernier sondage sur les dates de soldes (Boutique2Mode n°18), les détaillants français s’étaient prononcés à une très grande majorité pour un report des dates de soldes, notamment des soldes d’été. Les dirigeants de marques de mode, certes un peu moins mobilisés à l’époque, étaient eux aussi favorables à des dates de soldes plus en phase avec les saisons. Et c’est la période estivale qui fait pratiquement l’unanimité dans la profession, puisque  plus de 90% des professionnels du secteur de la mode souhaitaient ” des dates qui pourraient être fixées par exemple le premier mercredi suivant le 14 juillet pour les soldes d’été “. Enfin, soulignons que nous n’avions pas noté de différences notables de réponses entre les régions nord et sud. L’adage qui voudrait que les clients consomment d’abord chez eux et donc « font les soldes » dans le nord, en juin, avant de partir en juillet en vacances ” dans le sud ” est-il toujours d’actualité ?  A l’heure d’internet, des ventes privées, des Zara et autre Primark, et compte tenu que ” les grandes vacances ” se sont muées en semaine(s) et en week-ends, faut-il rester dans une logique datant des années 70 ? D’autant que les soldes ne font plus recette, si chaque année on observe une baisse d’attractivité, cette saison on assiste à un recul des ventes, tant chez les grandes enseignes que dans les centres commerciaux.

Les gouvernements successifs et à venir peuvent-il continuer à s’en tenir à une soi-disant défense du pouvoir d’achat, alors que les soldes et promotions sont devenus un véritable marché de dupe comme le démontrait récemment France 5 dans le documentaire “Soldes, tout doit disparaître” . Le gouvernement actuel a fait un pas en direction des entreprises avec le CICE et le Pacte de responsabilité, et plus récemment envers les TPE (prime à l’embauche de 4 000 €, détails des mesures dans B2M n°29), sans oublier les commerçants en réglementant la hausse des loyers et en supprimant les soldes flottants. Alors que l’économie montre des signes de reprises et qu’une porte de réformes est entr’ouverte, ne serait-il pas temps de s’attaquer à ce problème récurrent des dates de soldes ?

Daniel Wertel vient de proposer une table ronde à Martine Pinville, nommée tout récemment Secrétaire d’Etat chargée du Commerce. Si la balle est maintenant dans le camp du gouvernement, ” le terrain de jeux ” concerne tous les professionnels du secteur de la mode. D’autres organisations syndicales, comme la Fédération Nationale de l’Habillement et la Fédération des Détaillants en Chaussures de France dénoncent depuis des années ” le danger des soldes et promotions à tout va “. Il est peut être temps de se mobiliser afin de « faire bouger les lignes » : quid d’une nouvelle table ronde si au final rien ne change ?