Made in France ou Made in Soldes ?

Le débat sur le « made in France » organisé par Boutique2mode au salon WHO’S NEXT PAPP a mis l’accent sur la nécessité d’un renouveau de l’industrie textile française pour sauver l’emploi et relancer la croissance. Mais la confection ne peut être isolée de la chaine de valeur : création, fabrication et consommation. Si Paris peut encore se prévaloir d’être la capitale de la création, les manufactures françaises sont malmenées sur un territoire battus à longueur d’année par des rafales de promotions…

Fabriqué en France et/ou créer en France !

Tel un loup qui entrerait dans la bergerie, le débat du « made in France » s’est invité au cœur de la campagne présidentielle avec ses sujets sensibles, tels que la désindustrialisation de l’Hexagone et la perte du savoir-faire qu’elle a entrainée. En quelques années, la recherche de rentabilité a poussé nos industriels à s’exiler vers les pays à faibles coûts, quitte à sacrifier une longue tradition française de confection textile. Dernier exemple en date, la fermeture du site Lejaby d’Yssingeaux dans la région lyonnaise. Et même si les emplois semblent sauvés, on assiste une nouvelle fois à une perte de savoir-faire dans le secteur le la confection lingerie. Alors, pour relancer la production française, quelles solutions s’offrent à nous ? Un label « origine France garantie » répond le député radical et président de l’association Pro France, Yves Jégo.  Une bonne initiative qui ne convainc pourtant pas tous les fabricants. « Un cahier des charges qui n’est pas du tout pertinent » pour Alain Regad PDG de Gerbe, société qui fabrique pourtant en France et qui est labélisée « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Même constat pour François Gadrey, le patron d’Avance Diffusion, qui regrette de ne pas voir apparaitre sur l’étiquette de ses collections tout le travail de conception et de création réalisé dans l’Hexagone. Xavier Clergerie,  commissaire général du salon Who’s Next Prêt-à-Porter Paris,  élargit le débat : « Chaque pays à sa propre patte qui lui permet de construire sa propre identité » souligne-t-il. Et à ce titre le label « made in France » est un véritable gage de qualité aux yeux des acheteurs étrangers, tandis qu’en tant de crise, il apparait comme une valeur refuge pour les consommateurs Français.

Le lien fabrication – consommation

Dès lors, les détaillants ont tout intérêt à consacrer une part plus importante de leurs achats à des articles fabriqués en France. Encore faut-il que les pouvoirs publics acceptent de jouer le jeu en pratiquant une véritable politique de valorisation de la consommation. Car valoriser l’achat, c’est valoriser le produit. Et il n’est pas aisé de commercialiser des articles à forte valeur ajoutée dans un environnement concurrentiel qui tire la qualité vers le bas. N’y a-t-il pas un lien de cause à effet entre la montée en puissance des promotions, du marketing et des enseignes qui favorisent l’atout prix, avec le déclin de la fabrication Française et de la vente de collections par les détaillants ? A l’heure ou le « made in France » préoccupe à juste titre les Français comme les politiques, il serait peut être temps de donner sa chance au produit, en accordant le temps nécessaire à la commercialisation des collections avec des dates de soldes raisonnable. S’il est difficile de limiter les promotions, les rabais et l’ensemble des opérations commerciales propres à chaque enseigne, il est possible de ne pas en rajouter avec des dates de soldes qui interviennent trop tôt dans la saison.