Parcours d’achat chez les grossistes Parisiens
Paris et sa banlieue Nord présentent le plus gros pôle de grossistes textile en Europe. Trois adresses sont incontournables : Aubervilliers, le Sentier (2è arr) et Popincourt (11è arr). Trois lieux stratégiques qui évoluent avec leur temps pour proposer la meilleure marchandise possible au prix le plus juste. Visite guidée avec Dominique Parlot, fondatrice de La boutique de Micha.
« Je crée ma collection prêt-à-porter femme en m’appuyant sur deux marques phares, Best Mountain (une marque bien connue du Sentier, ndlr) et C’est Beau La Vie ! (distribuée par Astermod). Elles constituent mon fond de rayon et j’enrichis ensuite le tiers restant de la collection par des produits chinés auprès des grossistes », explique d’emblée Dominique Parlot.
Aubervilliers, le Chinatown du prêt-à-porter
Pour approvisionner ses deux boutiques, installées à Niort et à Fontenay-Le-Comte, le circuit de la détaillante est bien rodé. « En début de collection, je me rends à Aubervilliers, le supermarché de la fringue made in China, ajoute-t-elle. C’est l’endroit idéal pour découvrir les tendances en matière de coloris et de matières. » Il est vrai que le choix est vaste, parmi les quelques 1500 fournisseurs installés aux Portes de Paris. L’endroit attire d’ailleurs des acheteurs de toute l’Europe, soit au bas mot une douzaine de milliers chaque jour. Dans le cas de cette détaillante, ses achats à Aubervilliers s’effectuent principalement au Centre International de Commerce de Gros France-Asie (CIFA). « Ce centre réunit quelque 250 grossistes Chinois, répartis sur plusieurs bâtiments et réalise environ 1 milliard de chiffre d’affaires, indique Thierry Dauvergne, président de la société propriétaire du CIFA. Pour la plupart, il s’agit d’articles basiques, sur lesquels les détaillants peuvent se faire une très bonne marge. » Et les acheteurs se bousculent au portillon : « les grandes surfaces comme Leclerc, mais aussi les chaînes, comme celles du groupe Vivarte, des indépendants et des enseignes connues mais qui préfèrent que cela ne se sache pas », énumère le dirigeant. Du beau monde, mais qui ne se fréquente pas : « les commerçants viennent plutôt le lundi et le mardi et les centrales les autres jours », témoigne-t-il. Une belle distribution qui fait les affaires des grossistes. C’est facile, pas cher … et ça peut rapporter gros. Certains grossistes, comme Christian Zhu, créateur de la marque K-Zell et fabricant aussi en marque blanche pour des marques comme Cache-Cache, affiche ainsi des chiffres d’affaires avoisinant les 3 millions d’euros.
Paris reste la capitale de la mode
Pour le reste de sa collection, Dominique Parlot se rend ensuite à Paris. Elle vise en priorité le Sentier, qui reste selon elle la pépinière de la mode et qui, au fil des ans, monte en gamme. Sur place, elle déniche des produits complémentaires. « Je commande un certain nombre de pièces, et mes fournisseurs fabriquent dans la foulée, pour une livraison sous huitaine », explique-t-elle. Enfin, elle termine avec quelques accessoires dénichés auprès des grossistes de la rue du Temple ou encore par quelques pièces glanées chez ceux installés dans le quartier Voltaire (11ième ). Pour au final se constituer une belle collection. Ce parcours, elle l’effectue tous les mois. Car les grossistes reçoivent en permanence de nouveaux lots et elle ne peut passer à côté, sous peine de ne plus satisfaire sa clientèle. Cqfd
Le Fashion Center d’Aubervilliers : un nouvel acteur parmi les grossistes
Le plus gros centre européen de vente en gros pour le textile a été inauguré en mars dernier. Baptisé Fashion Center , il vise à rationaliser l’import-export de vêtements en attirant davantage d’acheteurs. « Avec mes frères, nous étions bien implanté sur place, en tant que spécialiste de l’entreposage et nous avons décidé de nous rapprocher de deux développeurs, Victor Hue et Eric Tong pour monter ensemble un centre commercial de grossistes. Un peu comme ce qui existe déjà à Düsseldorf, à Bologne ou à Hong-Kong, mais en plus gros », détaille Bruno Bensoussan, promoteur de l’établissement… À date, le mall, qui a nécessité un investissement de 130 millions d’euros, comprend en effet 340 boutiques de grossistes réparties sur quelque 55000 m2. « Toutes conçues sur le même moule, poursuit-il. Soit 250 m2 de superficie répartis sur deux niveaux : show-room en bas et stockage à l’étage. » Avec des locaux de belle facture, qui mettent en valeur les collections et qui rehaussent l’image de marque des grossistes d’Aubervilliers. Sans oublier un parking très pratique pour les professionnels avec ses 650 places.