Recyclage : démarche écologique et opération commerciale

Covoiturage, colocation, ou même co-loisirs, en ces temps de crise, les Français sont de plus en plus nombreux à avoir adopté ce nouveau mode de consommation partagé. Et le secteur de l’équipement de la personne n’échappe pas à la tendance. Déjà en 2013, une étude de l’IFM montrait qu’une consommatrice sur deux avait acheté au moins une fois un article d’occasion.  Cette enquête montre que le phénomène touche également la gent masculine, puisque 39% d’entre eux portent ou chaussent des articles de seconde main. « L’engouement » concerne toutes les tranches d’âges : 48% des 25-34 ans ont ainsi déjà acheté des vêtements recyclés, soit seulement 7% de plus que les 55-64 ans. Et la tendance semble continuer à s’accentuer. Ainsi, selon l’étude de CCM Benchmark Institut pour le JournalDesFemmes.com et Secrets de commode réalisée au mois d’août 2015*, 27% des femmes prévoient de renouveler leur propre dressing grâce à la mode d’occasion lors de la rentrée. Des intentions amplifiées pour les couples avec enfants : 40% souhaitent remplir leurs penderies grâce à des achats de seconde main. Economie financière, démarche écologique, lassitude du vêtement… les raisons de ce choix sont multiples (voir infographie ci-dessous). 

Et si la majorité des sondées (58%) affirment continuer à fréquenter les dépôts-ventes ou vide-dressings physiques, la vente sur le net s’impose comme un canal incontournable. « Internet a décomplexé les Français. Et il n’y a pas un profil type de consommateur. Le cadre comme l’ouvrier, l’urbain comme le rural recyclent »(1), confirme Hélène Fourneau, responsable des enquêtes et panels à l’IFM. Du côté des boutiques physiques, rares encore sont celles à avoir osé franchir le pas, tel que le magasin Blow Up, à Aix-en-Provence. Un choix pourtant payant selon son responsable, qui assure « qu’une grande partie de notre clientèle vient chez nous pour le concept même de la boutique ». Chez Bonobo, la collecte de vêtement déjà portés est également utilisée comme un outil marketing. Ici, les articles usagés ne sont pas revendus directement en magasin, mais envoyés au recyclage, et chaque client qui ramène un vêtement bénéficie d’une réduction sur son prochain achat. Une stratégie commerciale reprise depuis par certains grands groupes internationaux, comme H&M. Dans le même esprit, la FNH organise chaque année une vide-dressing week afin d’encourager les détaillants à récolter les vieux habits de leur clients. Une double démarche, éco-responsable et écomarketing, qui incite les consommateurs à venir en boutique !

*enquête réalisée auprès de 1082 internautes représentatives de la population féminine française.
(1) Les Echos du 14//11/2013.