Le Sentier mène toujours à la mode

Marion & Clotilde, Arma Cuir, SK Jeans, Legend & Soul, Sapon, Just M… Les marques et grossistes continuent de se presser dans le célèbre quartier parisien de la confection. Preuve qu’il y a toujours du business à faire.

Tout commence ici, en plein cœur de Paris, dans des immeubles construits pour certains au XVIIe siècle. Dans les années 1980, c’est l’âge d’or du Sentier, avec des grossistes en prêt-à-porter à tous les coins de rues, qui fournissaient les détaillants. Une réussite rendue possible grâce au fameux circuit court : un client arrivait, commandait une centaine de pièces d’un modèle à l’état de croquis et celles-ci étaient fabriquées et livrées rapidement. Avec les années 90, ce fonctionnement est perturbé par la réorganisation de la distribution. Les fabricants comme Naf-Naf, Morgan… ouvrent des points de vente au détail où l’on ne trouve… que leur marque. Des marques et stylistes quittent aussi le quartier, jugeant qu’il ne correspond plus à leur image. Comme Sud Express par exemple, qui depuis son départ du Sentier a pu séduire de nouveaux partenaires. Ou encore Chantal Temam (robes de cocktail), même si elle n’a pas déménagé très loin, puisque son showroom se situe à Montorgueil, soit à deux pas du Sentier et de ses fournisseurs. Cependant, le quartier abrite encore des entreprises à l’image d’Hamon, spécialisée en ciseaux pour la couture, articles de traçage, matériels de coupe… et fournisseur officiel de nombreux grands couturiers. Des marques connues maintiennent aussi leur showroom dans le Sentier, comme Diesel et La Petite Française, rue du Mail, ou Cop Copine, rue Réaumur. Voire même du haut de gamme : pour preuve le magnifique établissement de Gerard Darel. Signe que la place est toujours bonne. D’ailleurs, on compte peu de rez-de-chaussée vides… 

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Un quartier mythique en mutation

Nostalgique, René Madar, qui a fait toute sa carrière sur place, reste lui aussi convaincu de la pérennité des lieux. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a monté une plateforme internet, le-sentier-paris.com, regroupant les acteurs du secteur. « Il s’agit d’un outil qui permet aux acheteurs et aux vendeurs de faire du business », explique-t-il. À date, plus de 35 400 personnes sont inscrites. « Parmi les derniers arrivants, figurent Galibelle (chaussures), Just M (Pap) et Laurie And Joe (Pap) », précise-t-il. Des marques pour qui le Sentier symbolise encore et toujours la mode, même si leurs méthodes diffèrent de leurs ainées. Pour le brésilien Galibelle par exemple, la boutique dans le Sentier, qui a ouvert en janvier 2014, sert à la fois de showroom pour les détaillants mais aussi de lieu de vente au public. Pour Laurie and Joe, détenteur de la plus petite boutique rue du Caire, le modèle consiste, lui, à créer 4 collections sur place par an et à écouler la totalité de la marchandise auprès des détaillants qui viennent la chercher sur place. « Nous vendons aussi des pièces aux Galeries Lafayette, Harrod’s et bientôt au Printemps », ajoute Jonathan Parienti, gérant de l’entreprise. Un succès pour cette jeune marque tout comme pour ses ainées telle que LEO GUY créée en 1978 et qui vient d’enrichir son offre en 2015 avec « le coupé cousu ». Preuve que le Sentier, s’il est vraisemblablement destiné à être le prochain « spot bobo », reste toujours incubateur de success story !