Nicolas Dupont-Aignan : “Mon ministre de l’économie sera un dirigeant de PME ou TPE”

A l’approche de l’élection présidentielle, nous avons décidé d’interroger les candidats sur leur programme pour les professionnels de la mode. Nicolas Dupont Aignan est le premier à répondre à nos questions.

1) Parmi les nombreuses revendications, le report de la date des soldes fait globalement l’unanimité, autant chez les détaillants que pour les marques de mode. Que pensez-vous de l’idée de reporter de quelques semaines les dates actuelles des soldes ? 

Ce débat me paraît intéressant à ouvrir. Je souhaite réunir des Etats généraux de la Mode en France pour déterminer chaque année les dates des soldes, afin d’adapter le calendrier aux évènements survenus au cours de l’année (saison estivale ou hivernale se prolongeant par exemple).  

2) Plus généralement, le marché est aujourd’hui caractérisé par des promotions à l’année. Etes-vous donc favorable à une réglementation des périodes de promotions ? Comment cela pourrait-il se mettre en place ? 

Au cours de ces Etats généraux de la Mode, nous aborderons cette question délicate des promotions. Je souhaite en effet régler ce point crucial en concertation avec les parties prenantes du dossier. Il me semble illogique de réglementer les soldes et non les promotions. En tout état de cause, je suis favorable à un système qui permet aux petits commerçants de lutter à armes égales avec leurs concurrents. Non à la déréglementation qui ne profiterait qu’aux multinationales.

Je souhaite créer un impôt sur le bénéfice consolidé des multinationales, au prorata de leur chiffre d’affaires réalisé en France

3) Souhaitez-vous augmenter la possibilité de travailler le dimanche ?

Je suis opposé à la génération du travail dominical. Je peux néanmoins comprendre que dans certaines zones touristiques, travailler le dimanche soit intéressant. Mais il faut éviter les abus : La société que je veux, ce n’est pas une société où les familles ne voient pas leurs enfants. Je veux une France plus humaine, moins soumise à la tyrannie de l’argent roi.

4) Quelle est votre position sur le RSI ?

Je souhaite supprimer le RSI et convoquer des Etats généraux de la santé afin de bâtir un régime de Sécurité sociale unique. La multiplication des régimes sociaux provoque des incompréhensions et une concurrence déloyale entre des chaînes internationales très au fait des subtilités administratives et des dirigeants de TPE/PME qui croulent sous la paperasserie. J’observe par ailleurs que la plupart de mes concurrents parlent de supprimer le RSI. J’étais pourtant bien le seul homme politique dans les manifestations de soutien aux indépendants… 
Plus généralement, je souhaite mettre en place de nombreuses mesures spécifiques de nature à faire de la Nation le bouclier des 3,5 millions de TPE et de PME. A cet effet, je nommerai un dirigeant de PME/TPE ministre de l’économie afin que la spécificité de ces poumons de notre économie soit parfaitement prise en compte. Enfin, je veux notamment lutter contre l’optimisation fiscale des grands groupes qui constitue un biais de concurrence. Je souhaite créer un impôt sur le bénéfice consolidé des multinationales, au prorata de leur chiffre d’affaires réalisé en France.

“Assez de ces marchandises qui envahissent notre territoire sans respecter nos normes sociales et environnementales”

5) Le niveau important des charges et de l’imposition est également dans le viseur des chefs d’entreprises. Quelles sont vos propositions sur ces thématiques ?  

Je souhaite lancer un choc de pouvoir d’achat et un choc de compétitivité. Mon programme repose sur le patriotisme économique pour relocaliser un million d’emplois, tout en libérant les énergies pour permettre aux chefs d’entreprise de créer un autre million d’emplois, notamment dans les PME. Cette reconstruction de notre tissu économique s’accompagnera d’une relance du pouvoir d’achat des ménages, fondée sur la récompense du mérite et de l’effort. En effet, si on baisse les charges sans baisser les impôts des ménages, les carnets de commande resteront vides Cette politique de rupture permettra de faire repartir la croissance, de rompre avec le chômage de masse et donc de garnir les carnets de commande.

Concrètement, je propose

  1. Un choc de compétitivité de 25 milliards d’euros avec notamment :
  • Un fonds d’aide à l’industrialisation et à la relocalisation
  • Une baisse de moitié le taux de l’Impôt sur les Sociétés (IS) pour les bénéfices réinvestis sur le sol français
  • Une exonération d’ISF pour les investissements dans les PME innovantes
  • Une exonération de charges pendant 5 ans sur l’embauche d’un chômeur longue durée

  2. Un choc de pouvoir d’achat de 25 milliards d’euros en première année puis 10 milliards supplémentaires chaque année avec notamment :

  • Le rétablissement du dispositif d’exonération des heures supplémentaires qui assouplira les 35 heures 
  • L’augmentation des salaires nets de 10% en diminuant les charges salariales de 30% sur la durée du quinquennat sans peser sur les entreprises. Les 40 milliards d’€ correspondants sont finançables par une lutte contre la fraude sociale (10 milliards) et la fraude fiscale internationale (30 milliards).
  • L’augmentation de 100 euros par mois de 6 millions de pensions de retraites en récupérant la contribution de 8 milliards au budget de l’UE

6) La TVA va-t-elle être augmentée ? 

Non, les taux de TVA n’évolueront pas au cours de mon mandat. Les hausses de TVA promises par M. Fillon sont de nature à casser la croissance. Ce n’est pas par l’asphyxie fiscale que nous relancerons la croissance. La baisse des impôts est le préalable à toute relance.

“Assez de ces centres commerciaux qui défigurent nos centres-villes !

7) La désertification des centres-villes est une problématique qui pénalise directement les indépendants. Etes-vous favorable à un moratoire dans la construction de centres commerciaux ? Plus généralement quelles sont vos propositions pour revitaliser le commerce de centre-ville ? 

Je veux réviser loi du 4 août 2008 et abaisser de 1000 M2 à 300 M2 le seuil d’autorisation d’installation des grandes surfaces commerciales en villes moyennes et grandes afin de faire revivre les centres-villes en accompagnant l’installation de commerçants et artisans qui favoriseront l’emploi local. Assez de ces centres commerciaux qui défigurent nos centres-villes !
Les gouvernements depuis 20 ans ont démissionné face aux pressions des grands distributeurs. Les collusions qui existent et qui ont abouti à cette loi de 2008 sont proprement scandaleuses. Les centres-villes ont été dénaturés et les petits commerçants ont dû trop souvent baisser pavillon.
En outre, je suis opposé aux immenses complexes commerciaux en périphéries des villes, qui remplacent les cultures en même temps qu’ils ruinent les commerces de centre-ville. Je suis favorable à un tel moratoire sur la construction de centres commerciaux et je propose d’augmenter la Taxe sur les surfaces commerciales (TASCOM) et reverser le produit fiscal aux départements afin de limiter l’extension des grandes surfaces et centres commerciaux au détriment des terres naturelles.

8) Pour finir, de nombreuses marques de mode réclament une meilleure information sur l’étiquette des produits de mode (matière écologique, production éthique…) Avez-vous des propositions pour améliorer l’information sur l’étiquette des produits de mode ? 

De façon générale, je souhaite mettre en place un étiquetage obligatoire sur les marchandises pour indiquer précisément la part de « fait en France ». En parallèle, je veux permettre à nos entreprises de se défendre contre la concurrence déloyale avec les mêmes armes que leurs concurrents. Assez de ces marchandises qui envahissent notre territoire sans respecter nos normes sociales et environnementales.