Nouvelle baisse des ventes et de fréquentation dans les enseignes de mode

Dans ce contexte économique très difficile de début d’année, l’Alliance du Commerce annonce un recul de 7% du chiffre d’affaires réalisé au mois de mars dans les magasins d’habillement et une chute de fréquentation de plus de 20% (comparé à mars 2019). Une baisse d’activité constaté également chez les détaillants indépendants.

« La guerre en Ukraine, cumulée à la hausse des prix et aux craintes de baisse du pouvoir d’achat, entraîne une chute du moral des Français. Cela se traduit par une forte diminution des ventes et de la fréquentation en magasin au mois de mars », décrypte Yohann PETIOT, Directeur général de l’Alliance du Commerce. Une baisse d’activité qui s’ajoute à la très mauvaise performance du mois de janvier, avec des ventes en magasin en recul -23,7%, soit une chute de 14,2% pour ce premier trimestre 2022, comparé à début 2019.

Une baisse de fréquentation et des ventes qui se fait sentir aussi chez les détaillants indépendants « En ce moment, rien ne fait venir les clients, j’avais l’habitude de créer des évènements une fois par mois. J’ai aussi les bons de parrainage, la carte de fidélité, -10% s’ils s’abonnent à mon site internet… je n’ai plus de solution », déplore ainsi Carole Vallet, aux commandes du magasin de vêtement Cliona à Moulins. Tandis que Martine Moreau, gérante de “Côté Femmes Mère et Fille” à Audincourt, et Auré Giessinger, dirigeante d’une boutique de prêt-à-porter, dénoncent en cœur un mois de mars atone et « des chiffres dignes de février », dans le Groupe d’entraide et de réflexion des commerçants indépendants.

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Situé en centre-ville à Strasbourg, Colette Ravier confirme : « je suis créatrice de mode, avec un produit ” mariages” qui fait 60% du CA. Autant certains mariages avaient été sauvegardés en 2021 – dès janvier et malgré le confinement d ‘avril – autant cette année, RIEN ! ». En centre-ville toujours et à Reims, Delphine Cèbe Nominé, de la boutique Lollipops, constate elle aussi : « pas de trafic, pas de vente, pas de chiffre et forcément plus de trésorerie et songe même sérieusement à fermer ! » Et du côté des centres commerciaux ce serait pire encore d’après le “Panel Retail int” pour l’Alliance du Commerce, avec un chiffre d’affaires en recul de -12,5%, tandis que la baisse serait de l’ordre de -5% en centre-ville.

« Dans ce contexte, les entreprises continuent de connaître une augmentation de leurs coûts de production, du fait de la hausse des coûts de l’énergie et du transport maritime. Pour autant, en dehors de la “remise carburant “, elles ne bénéficient pas aujourd’hui de l’aide directe prévue par le Plan de résilience économique et socialePlus largement, nous regrettons que les programmes des principaux candidats et candidates à l’élection présidentielle ne comportent pas de mesures consacrées au secteur du commerce », regrette Yohann PETIOT. Et d’appeler à « un déploiement d’un plan stratégique “Commerce 2030” avec des moyens financiers dédiés, pour accélérer la transformation digitale et écologique des entreprises. »

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Une montée en puissance dans la digitalisation des commerces qui est souhaitable, impérative même, mais qui ne suffira pas à assurer l’avenir des commerçants comme des enseignes de mode. Si pour le mois de mars 2022, le panel relève une croissance des ventes en ligne de +97% comparé à 2019, ce sont surtout les géants du net qui en profitent. En attendant, dans le secteur de la mode et d’une crise à l’autre, chaque année les ventes poursuivent leur chute … La dynamique ainsi brisée appelle à se réinventer : vente ominicanal, montée en gamme, … ou encore marché de la seconde main, notamment avec la solution Freepry. Les idées et nouveaux concepts ne manquent pas, encore faut-il arriver à inverser la tendance !