Quelles sont les mesures sanitaires appliquées par les boutiques de mode ?

Alors que les directives officielles se font attendre, les détaillants ont dû se préparer par eux-mêmes, afin de pouvoir rouvrir leurs commerces dans le respect des règles sanitaires. Tour d’horizon des mesures appliquées en magasin et fiches conseils.

Port du masque obligatoire, lavage des mains au gel hydroalcoolique dès l’entrée de la boutique, désinfection des cabines d’essayage, passage à la vapeur des vêtements essayés suivi d’une mise en quarantaine durant 4h00, nombre de clients restreint à l’intérieur de la boutique… Les commerçants du secteur de la mode n’ont pas attendu les directives pour s’organiser et mettre en place un nouveau protocole de sécurité. « Je songe à protéger mes clientes avant le profit et je me suis mise à leur place pour imaginer ce que j’aimerais comme protection. Je n’ai pas la science infuse, mais je me suis pas mal renseignée – ayant un mari qui travaille dans le milieu pharmaceutique – et pour ma boutique ce sera : gel obligatoire à l’entrée et dans divers endroits du magasin avant de me solliciter pour toucher les vêtements. Masque préconisé, je serai moi-même masquée, gants de l’extérieur interdits, vapeur sur les vêtements avant et après essayage, désinfection des cabines, du comptoir et du TPE après chaque passage », témoigne ainsi Valérie Ludwiller-Marion, gérante de la boutique Au Dressing, à Gaillac. Des consignes de sécurité nécessaires dans les commerces de mode, tant le rapport au produit avec les clients est intimement lié au secteur de l’équipement de la personne. Et ce, que ce soit dans le domaine du prêt-à-porter, de la chaussure, du bijou ou de la lingerie. Seule la maroquinerie posera moins de problème d’essayage.

Essayage : allier plaisir et contrainte

D’emblée Isabelle Gavand, gérante de Trésor de Filles à Thonon-les-Bains, prévient : « On ne peut pas vendre sans essayage car les vêtements et accessoires ne seront forcément ni repris ni échangés, donc il faut bien laisser essayer. » Un avis partagé par Valérie Riboulet, dirigeante de la boutique de lingerie Histoires Plurielles à Alissas : « Nous ne pouvons pas interdire l’essayage, les clientes fidèles qui venaient à ma boutique appréciaient justement mon invitation à toujours essayer. » Une invitation qui est aussi une technique de vente ou tout simplement le besoin d’exercer correctement son métier. « Je mets un point d’honneur à ce que mes clientes puissent essayer sans contrainte d’achats. Bien souvent des clientes n’osent pas porter certains vêtements et après essayage sont bien surprises de voir que finalement ça leur va bien », argumente Valérie Riboulet. Rouvrir oui, mais encore faut-il que cela se traduise par des achats et après deux mois de confinement, beaucoup de consommateurs se posent des questions. Une cliente témoigne ainsi : « Malgré mon envie d’acheter quelques vêtements, je ne souhaite pas les essayer en magasin pour ma sécurité mais aussi pour celle des autres. De plus je serais gênée de ne pas prendre l’article après essayage. Je m’en tiendrai aux marques dont je connais bien les tailles pour éviter les erreurs et demander la possibilité d’échanger mais si vraiment ça ne va pas. Il faut aussi que nous consommateurs changions nos habitudes et ne pas essayer à tort et à travers 6 ou 7 pièces pour n’en acheter qu’une ou deux. »

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De bonnes intentions qui seront à vérifier en magasin et qui ne convainc pas Nathalie Paredes, gérante de Sylvette Lingerie, à Oullins: « Franchement je ne comprends pas, si la cliente a décontaminé ses mains, a son masque correctement placé, pourquoi ne pourrait-elle pas essayer ? » s’interroge-t-elle. Un avis partagé par Claude-Esther Schmitt, boutique Ligne S – Grodwohl, à Mulhouse « Pour ma part, mes clientes pourront essayer… vendre un maillot ou un soutien-gorge sans essayage rend la vente impossible ! », assure-t-elle. Des essayages qui dans la chaussure vont aussi être compliqués. Ainsi Véronique Gros dirigeante de Chaussures Haas, à Mulhouse, énonce ses règles pour la réouverture de son magasin : « Désinfection des mains obligatoires à l’entrée du magasin, gel et gants à disposition, puis essayage avec mi-bas jetables obligatoire. » Des essayages qui devraient être incontournables et qui posent aussi des soucis de logistique, comme le souligne Brigitte Lagarde, responsable du dépôt-vente Les Puces Dorées, à Montpellier, « si on veut vendre, il faut que les clientes puissent essayer et pour mettre les vêtements essayés en “quarantaine” il faut du stock et de la place ».

Mise en quarantaine : oui, mais pas trop !

Des nombreux témoignages recueillis, il apparaît qu’une majorité de commerçants vont opérer un nettoyage à la vapeur après essayage, assorti d’une mise en quarantaine de 4H00. Des mesures préconisées par des scientifiques qui visent à éradiquer la présence d’éventuelles traces de virus, et qui vont également contribuer à rassurer la clientèle. Mais la remise au placard de modèles nécessite déjà de trouver de la place pour les petites boutiques actuellement chargées en stock. Surtout, elle se traduit par un nombre moins important d’articles en présentation. Jean-Luc Linares, gérant du magasin de vêtements pour hommes 3 Collection, à Andernos-les-Bains, met en garde : « Cela dépend du stock de chacun, car si tout est en quarantaine en réserve, je ne vois pas l’effet positif de l’essayage. » Assurant que « l’essayage sera bloqué dans un premier temps », quitte à perdre un acheteur occasionnel, tout en laissant la porte (de la cabine ) ouverte à des clients réguliers. L’idée poursuit-il, est « de ne pas laisser nos clients toucher à tout comme ils le font d’habitude ». Un principe auquel adhère Valerie Ludwiller-Marion, « c’est à nous d’agencer le magasin afin de simplifier et de classer par taille », invitant les clients à la solliciter également et rappelant « nous avons la chance d’avoir une relation particulière avec nos clientes ». Une relation de confiance, assortie d’un savoir-faire comme le précise Jean-Luc Linares, « le commerçant est un professionnel qui saura conseiller les bonnes tailles et les coupes adaptées. »

Communiquer et rassurer

« Je viens de voir les mesures prises par une commerçante de mon village et ça me parait clair et rassurant », se réjouit une cliente, avant de détailler « clientes avec masque obligatoire, port de masque par elle-même, gel à l’entrée et obligation de l’utiliser, possibilité d’essayer et passage vapeur systématique des vêtements essayés, nombre de personnes limité en magasin, possibilité de prendre des rendez-vous individuel avec elle, sur 2 plages horaires définies, pour celles qui ne souhaiteraient pas croiser d’autres personnes en magasin ». En termes de communication, le respect des mesures sanitaires ne fait pas exception, le faire c’est bien, le faire savoir c’est mieux. Des consignes qui peuvent être affichées en vitrine ou sur la porte d’entrée, mais surtout qui doivent faire l’objet de post sur les réseaux sociaux. Le but étant de rassurer comme le souligne Nicole Courth, couturière ambulante : « Je pense que les gens peuvent être plus rassurés avec des vendeurs qui respectent les consignes. » Mais sans insister sur le côté anxiogène, n’oublions pas que l’achat mode doit rester un plaisir, comme le rappelle Rose bonbon, un magasin de chaussures situé à Saint-Julien en Genevois : « Hier n’existe plus, continuons comme d’habitude à nous apprécier, à garder une relation avec le sourire et de la gaieté, nous en avons bien besoin ! »

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Un brin de gaieté souhaité par tous et notamment par les commerçants du secteur de la mode, qui ont été contraints de garder le rideau baissé, alors que « les grandes surfaces ont fonctionné pendant 2 mois sans aucune précaution dans leurs rayons… », proteste Claude-Esther Schmitt. Une reprise attendue, même si « le mois de mai ne sera sans doute pas extraordinaire », pronostique Valerie Ludwiller-Marion, concédant quand même que « d’ici début juin et si tout reste au vert, nous devrions pouvoir mieux respirer ». Et Dominique Timsit responsable de la boutique Kiss and Love, à Caen, de conclure et d’apporter sa connaissance des boutiques à l’étranger : « En termes de flux, la fréquentation est en chute de 80% et le chiffre d’affaires baisse entre 30 et 40%. Les clientes qui rentrent ne viennent pas pour se promener. Elles viennent pour acheter. »

👍 Un grand merci aux détaillants qui ont témoigné sur le groupe d’entraide des commerçants indépendants et que nous avons cités dans l’article

Fiches conseils protection sanitaire :

Coronavirus Information sur les mesures à prendre dans les magasins de chaussures

DUERP COVID-19 édité par la FDCF (chaussures) pour la prévention des risques des salariés

Guide de bonnes pratiques de la FNH pour assurer la protection des salariés

Ministère du travail. Kit de lutte contre le Covid-19 Commerce de détail non alimentaire

Guide des bonnes pratiques en horlogerie bijouterie-joaillerie et arts de la table