Recul de l’État sur Shein : une décision incompréhensible pour les défenseurs du commerce responsable
Alors que la France avait engagé une action judiciaire inédite contre la plateforme Shein, le gouvernement a finalement renoncé à demander sa suspension totale. Une décision qui interpelle, au regard des nombreux manquements de l’entreprise et des enjeux sociaux, économiques et environnementaux liés à l’ultra-fast fashion.
Le 5 décembre, lors d’une audience très attendue au tribunal judiciaire de Paris, l’État français a surpris en renonçant à sa demande initiale de suspension totale du site Shein. Seule la marketplace de la plateforme – soit la vente par des tiers – reste visée par la procédure, le temps que Shein démontre avoir corrigé les infractions constatées. Parmi celles-ci, la vente de poupées sexuelles à l’apparence enfantine ou encore d’armes interdites, relevées par la DGCCRF.
Le parquet de Paris s’est lui aussi opposé à une suspension globale, la jugeant disproportionnée si l’entreprise s’est mise en conformité. Une décision judiciaire définitive est attendue pour le 19 décembre. Mais ce virage à 180° marque un désengagement de l’État et affaiblit fortement le message initial.
Un désaveu pour ceux qui défendent une concurrence loyale
Pour de nombreux commerçants indépendants, artisans, fabricants et professionnels de la mode, cette reculade est vécue comme un coup dur. Car au-delà du cas précis des produits interdits, c’est un modèle économique tout entier qui est en jeu. Un modèle basé sur l’hyperproduction, les prix cassés, l’opacité des filières, et une cadence de renouvellement effrénée qui écrase les règles du commerce équitable.
En laissant opérer librement une plateforme comme Shein, la France valide tacitement un système qui bafoue à la fois les normes sociales, environnementales et économiques. Une distorsion de concurrence à laquelle les petits commerces ne peuvent faire face. Les conséquences sont déjà visibles : désertification des centres-villes, fermeture d’enseignes historiques et fortes pressions sur les marges des fabricants comme des revendeurs.
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Une question de choix de société
Faut-il rappeler que derrière chaque vêtement ultra low-cost se cachent immanquablement des conditions de production douteuses, des normes non respectées, et des conséquences désastreuses pour notre économie. Ce modèle fragilise les filières industrielles européennes, érode la valeur du travail et encourage une consommation jetable. À l’inverse, de nombreux commerçants de proximité – lorsqu’ils choisissent de s’engager pour des produits durables, traçables, et de qualité – participent à préserver des emplois, à animer les territoires et à retisser du lien humain. Des valeurs que partagent aussi les fabricants français et européens, porteurs d’un savoir-faire à préserver.
Que ce soit dans la mode ou dans d’autres secteurs, l’exemple de Duralex est révélateur : des verres fabriqués en France, certes un peu plus chers que leurs équivalents venus de Chine, mais plus durables, plus résistants, et surtout issus d’un modèle économique qui permet à des ouvriers français de vivre dignement de leur travail et d’être fiers de leur savoir-faire.
Cette fierté, on la retrouve chez les commerçants indépendants, qui chaque jour animent les centres-villes, créent du lien social, et offrent bien plus qu’un simple produit : une expérience humaine. Un modèle de société qui fait partie de nos racines et que des plateformes comme Shein sapent méthodiquement.
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La mobilisation continue
Face à ce nouvel épisode judiciaire, la mobilisation ne doit pas faiblir. L’action menée contre Shein reste symbolique d’un combat plus large : celui pour un commerce plus juste, plus humain, plus durable. La pétition que nous avons lancée pour une interdiction définitive de Shein en France est toujours en ligne, et nous appelons l’ensemble des acteurs du secteur – commerçants, élus locaux, citoyens – à la soutenir.
Il s’agit d’un appel à la responsabilité collective. En maintenant ce type de plateforme, on valide un système qui met à mal nos entreprises, notre environnement, et nos équilibres sociaux. Plus que jamais, il est temps de choisir le camp de celles et ceux qui font vivre notre économie réelle, avec exigence, intégrité et passion. Car défendre nos commerces, c’est défendre nos valeurs et une certaine conception de notre société.
6 décembre 2025 @ 23 h 57 min
C’est le revers de bâton de la mondialisation ? Ne pensez vous pas que certaines de nos marques et enseignes européennes n’ont pas des pratiques similaires ? La grande différence c’est qu’ils pratiquent des coefficients à deux chiffres minimum ce qui leur permet ensuite de faire des promotions toute l’année/ Si on jouait plus la transparence sur le sourcing et les marges on aurait de grosses surprises et si ces groupes étaient plus raisonnables sur leurs marges ils vendraient plus et auraient peut ētre empêché ces nouveaux monstres de la fast fashion ? On ne pourra rien faire pour les empêcher d’exister battons nous sur le faite qu’ils respectent nos règles de production et taxons les a l’entrée du marché Européen.