« Si on ne transforme pas notre outil de vente, on est perdu ! »
Jean-Pierre Gonet, président de la Fédération des Détaillants en Chaussures de France, réagit aux mauvais résultats du secteur de la chaussure en 2024. Et appelle les commerçants à moderniser leur manière de travailler, car les perspectives de croissance existent.

Le chiffre d’affaires de la chaussure chez les détaillants indépendants s’est inscrit à la baisse au cours de l’année 2024, avec un recul moyen de l’activité chiffrée à – 1,90 % (voir le détail dans notre article dédié). L’occasion pour Jean-Pierre Gonet, président de la Fédération des Détaillants en Chaussures de France (FCDF) de réagir, et de rappeler que les perspectives de croissance sont toujours possibles pour les détaillants.
Quel bilan faites-vous de l’année passée, et que peut-on attendre de 2025 ?
Les chiffres sont là, 2024 n’a pas été une bonne année dans l’ensemble pour le secteur de la chaussure, et notamment pour les indépendants. Il n’en reste pas moins que ces données présentées dans le baromètre annuel de la chaussure sont des moyennes, certains détaillants sont tout de même parvenus à enregistrer de bons résultats, preuve en est qu’il ne faut pas non plus être fataliste. Pour 2025, il est encore trop tôt aujourd’hui pour faire des prévisions, même si les premiers retours sur les soldes font état d’une activité toujours en dent de scie, mais c’est le cas depuis de nombreuses années. Dans l’ensemble, on espère à minima se stabiliser et éviter le plus possible de fermetures de boutiques.
« Malgré le contexte défavorable, certains détaillants sont tout de même parvenus à enregistrer de bons résultats »
Que faut-il faire aujourd’hui pour rester compétitif et continuer à développer son activité ?
Comme pour toute entreprise, je dirais qu’il est essentiel de s’adapter. Tout a changé ces dernières années, avec l’essor de la vente en ligne, les réseaux sociaux, une gestion du personnel qui doit aussi être différente, sans compter que la mode évolue plus rapidement. Je vois encore beaucoup trop de détaillants qui n’ont rien changé depuis 20 ans, avec des modèles de chaussures désuets qui ne correspondent plus aux besoins de la clientèle d’aujourd’hui. Il faut faire évoluer son offre, son agencement, sa manière de communiquer, c’est essentiel aujourd’hui pour faire revenir la clientèle. Si on ne transforme pas notre outil de vente, on est perdu !
« Je vois encore beaucoup trop de détaillants qui n’ont rien changé depuis 20 ans. Nous devons évoluer dans notre manière d’approcher le métier »
D’autant que c’est possible. J’ai pu constater ces dernières années que les boutiques qui fonctionnaient le mieux étaient souvent des nouvellement installées, avec à leur tête des cadres du tertiaire en reconversion professionnelle. Des profils avec une plus grande ouverture d’esprit et une meilleure compréhension des besoins de la clientèle actuelle. Alors attention, je ne dis pas que les détaillants historiques sont dépassés, nombre d’entre eux ont aussi réussi à développer leur activité en se renouvelant. Mais une partie n’a pas pris le train en marche, et ce sont souvent ceux-là qui sont les plus en difficulté.
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Comment faire justement pour améliorer la performance de son magasin ?
C’est un enjeu clé, et c’est pour cela qu’à la fédération nous avons décidé de lancer une opération unique, à savoir un coaching personnalisé pour votre point de vente, avec une prise en charge exceptionnelle de 50 % HT pour tous les adhérents ! C’est notre grosse opération de l’année. Les détaillants ont constamment la tête dans le guidon, comme tout chef d’entreprise, à devoir tout gérer en même temps. Cette session de coaching permet justement de bénéficier d’un regard extérieur de la part d’un professionnel du métier, que vous avons testé et spécialement choisi pour les détaillants en chaussures. Que vous souhaitiez travailler l’agencement de votre boutique, affiner votre stratégie de merchandising, améliorer la gestion de vos stocks ou renforcer l’engagement de vos équipes, cette session de coaching est faite pour vous.
« Les adhérents de la fédération vont pouvoir bénéficier d’un coaching personnalisé pour leur boutique, à moitié prix ! »
Au-delà de ce service complémentaire, quels sont les axes sur lesquels la FDCF va continuer à travailler en 2025 ? Il y a-t-il des combats spécifiques que vous allez mener pour défendre les intérêts de la profession ?
La fédération propose une multitude de service à ses adhérents, que nous allons bien entendu continuer de renforcer. Cela va de la protection juridique, à un partenariat avec la Sacem ouvrant droit à une réduction de tarif de 20%, un abonnement à la revue de la profession… (cliquez ici pour connaitre les services offerts par la FDCF).
Cette année également, nous allons particulièrement développer la partie concernant la cession des fonds de commerce. Comme vous le savez peut être, l’âge moyen des dirigeants dans la chaussure dépasse la cinquantaine, ce qui veut dire que nombre de détaillants se préparent à céder prochainement leur fonds de commerce. Le problème aujourd’hui, c’est que le commerçant qui souhaite céder son affaire ne va souvent la mettre en vente qu’auprès d’une ou deux agences locales, avec forcément une cible limitée d’acheteurs. Or nous avons pu le constater, les repreneurs d’entreprises sont des personnes géographiquement mobiles, ils prospectent sur l’ensemble du territoire français, ou à minima au niveau régional. C’est pour cela que la FDCF a mis au point une plateforme spécifique pour pouvoir mettre en vente son fonds de commerce, en partenariat avec « Les annonces du commerce ». En commercialisant votre affaire via cette plateforme, vous disposez ainsi d’une visibilité nationale !
« La FDCF offre un panel complet de services à ses adhérents, et nous menons en parallèle plusieurs combats pour défendre les intérêts de la profession »
Enfin, concernant la défense des intérêts de la profession, nous allons relancer nos demandes sur le décalage des soldes. Avec l’appui de la Confédération des commerçants de France (CDF) et de son nouveau président, Pierre Bosche, le contact a été établi avec la Ministre du commerce, Véronique Louwagie. Nous travaillons également au côté des autres fédérations du commerce afin de pouvoir réguler les plateformes de e-commerce, et notamment les géants chinois Shein et Temu. Ces plateformes exploitent les faiblesses du système juridique européen, et notamment l’absence de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros, permettant à des millions de petits paquets de franchir nos frontières sans être soumis à des contrôles stricts ou à une taxation équitable. Sans compter leur impact environnemental déplorable. Le rebond de l’activité passera aussi par une meilleure protection de nos entreprises ! Pour mener ce combat, et tous les autres, nous avons besoin d’être nombreux, c’est pour cela que nous invitons aujourd’hui le maximum de détaillants à nous rejoindre à la FDCF.
Pour en savoir plus sur la Fédération des Détaillants en Chaussures de France et les services offerts aux adhérents : www.chaussure.org