Exclusif – Soldes d’hiver 2023 : le bilan des détaillants indépendants

Près de 3000 détaillants mode ont participé à notre grande enquête sur le bilan des soldes d’hiver 2023. Découvrez tous les résultats.

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Les soldes d’hiver 2023 qui viennent de s’achever ce mardi, ont-ils été aussi décevants que les éditions des années précédentes ? C’est en tout cas ce que semblent indiquer les résultats du sondage que la rédaction a menée sur la question la semaine dernière, et qui a recueilli 2931 réponses de détaillants indépendants de la mode, tous secteurs confondus (prêt-à-porter, chaussure, lingerie, accessoires…). 70% des répondants estiment ainsi que les clients n’ont une nouvelle fois pas été au rendez-vous des soldes d’hiver, une tendance qui s’installe d’année en année.

soldes hiver 2023
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Sarah, gérante d’une boutique de lingerie à Angers, est là pour le confirmer : « cette année encore ça a été difficile. Les clientes en boutique se sont faites plutôt rares, heureusement que j’ai maintenant mon site web et ma communauté sur Instagram pour réaliser des ventes supplémentaires, mais le chiffre d’affaires reste tout de même bien inférieur à celui que l’on pouvait avoir il y a de ça encore quelques années en arrière », témoigne-t-elle.

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Un constat partagé par Thierry, à la tête d’une boutique de chaussures pour Homme, à Amiens : « on arrive à sauver les meubles parce que l’on a une clientèle historique qui est plutôt fidèle, mais on ne peut pas dire que l’on observe un véritable engouement. Je dirais passable vu le contexte économique actuel », relate-t-il. A l’image de Thierry, 32,17% des commerçants jugent également cette période de soldes « passable », contre 25,65% de « mauvais », et seulement 15,43% de « bon » (voir résultats ci-dessous).

bilan soldes hiver 2023
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Les soldes sont-ils toujours un évènement commercial majeur ?

Dans ce contexte, et en dépit de la crise inflationniste qui a aggravé cette désaffection de la clientèle, la question de l’attractivité des soldes pour les consommateurs, se pose plus que jamais. Notamment depuis la multiplication des ventes privées et autres évènements promotionnels en tout genre (avant-soldes, Black Friday, French Days…) qui banalisent les prix barrés à l’année. « Je pense que l’on est presque tous d’accord pour dire que les soldes ne sont plus vraiment un évènement depuis maintenant quelques années déjà. Il y a toujours forcément plus de clients qu’en temps normal, mais si l’on compare à ce que c’était 10 ans en arrière, le compte n’y est pas », analyse ainsi Mélanie, gérante d’une boutique de prêt-à-porter pour femme, à Marseille.

Un témoignage qui résonne dans la profession, puisqu’ils sont une grande majorité à considérer que les soldes ne sont désormais plus un évènement commercial majeur pour les clients, et donc forcément pour leur propre boutique.

bilan des soldes
soldes 2023
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Quel avenir pour les soldes ?

Face à cette perte d’attractivité qui se confirme d’année en année, faut-il en conclure que les soldes n’ont plus de véritable raison d’être ? Sur ce point, les avis sont multiples. « Personnellement je serais favorable à ce que l’on cesse ces périodes de soldes, qui n’ont plus de sens, et que l’on nous permettent de solder chacun à notre façon, en fonction de notre stock et de nos besoins », témoigne de son côté Sylvain, gérant d’une boutique de prêt-à-porter homme/femme, à Aix-en-Provence. Un avis tranché que ne partage pas forcément Mélanie, détaillante en bijoux et accessoire. « Beaucoup de mes clientes attendent toujours les soldes, je ne pense pas que les supprimer serait bénéfique pour nous les indépendants. En revanche le vrai sujet selon moi, ce sont les dates de soldes, qui doivent être repoussées de quelques semaines pour nous laisser la chance d’écouler notre marchandise avec de vraies marges », défend-elle.

Un sujet récurrent et qui fait là encore toujours débat dans la profession, et ce depuis de nombreuses années. « Bien sûr que les dates doivent être repoussées, mais pour que cette mesure puisse avoir un vrai impact il faut aussi absolument s’attaquer aux promotions à l’année des grandes enseignes et e-commerçants, sinon ça ne servira à rien », rajoute Patricia, gérante d’une boutique de prêt-à-porter pour femme, dans la périphérie de Caen, au sein d’une galerie commerciale.

L’union fait la force !

« Sur ce point ce sont à nos syndicats professionnels d’agir », lance Mickael, gérant d’un concept store mode/beauté à Paris. Un appel à l’action repris dans la foulée par Jean-Pierre Gonet, Président de la Fédération des Détaillants en Chaussure de France. « Prêt-à-porter, chaussure, lingerie, maroquinerie …nos luttes sont incessantes. Le lobbying des grands magasins, grandes surfaces et autres succursalistes existe et on le sait plus que bien d’autres car on l’affronte tous les jours, avec nos petits moyens (ce qui n’est pas vraiment leurs cas). C’est trop facile de lancer « que font les syndicats ? ». Si l’on veut peser plus, nous avons besoin de plus d’adhérents, et plus généralement d’indépendants impliqués pour la défense de notre métier ».

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Le message est lancé, d’autant que la mode compte nombre de syndicats représentatifs qui défendent les intérêts des détaillants indépendants. A l’image de la Fédération Nationale de l’Habillement, qui repart sur une nouvelle dynamique après un changement de direction, de la Confédération nationale des détaillants en Lingerie, la Fédération nationale des détaillants en maroquinerie et voyage, mais aussi au niveau plus global la Confédération des Commerçants de France, qui regroupe plus de 20 fédérations du commerce.

Autant de syndicats patronaux qui ont aujourd’hui plus que jamais besoin de soutiens, et par la même aussi de nouveaux adhérents pour peser davantage sur le pouvoir politique et dans le débat public, alors même que les enjeux d’avenir pour les détaillants mode sont chaque année plus nombreux !