Réformons l’étiquetage des articles de mode !

Dans un récent reportage, un journaliste de la BBC révèle que des réfugiés syriens sont exploités dans des usines turques qui fournissent plusieurs grandes marques européennes. Un scandale de plus qui relance le débat sur la nécessité d’une législation européenne pour l’étiquetage des articles de mode.

Quand on fait appel à un sous-traitant uniquement pour les tarifs attractifs qu’il propose, le risque est que les conditions de travail des salariés sur place ne soient pas exemptes de tout reproche. La preuve en est une nouvelle fois avec cette enquête de la BBC, qui montre que de nombreux réfugiés syriens, et parfois même des mineurs, travaillent dans les usines de confection turques qui fournissent plusieurs grandes marques européennes. Le reportage pointe particulièrement du doigt les enseignes Zara, Mango, Asos et Marks & Spencer. Et les observations du journaliste font froid dans le dos. « On m’avait dit que le travail des enfants était endémique en Turquie. Mais je n’imaginais pas à ce point. Un sous-sol d’atelier était presque entièrement occupé par des enfants, la plupart ne devaient pas avoir plus de 7 ou 8 ans », relate t’il. Le journaliste anglais relève par ailleurs que ces réfugiés syriens touchent « à peine plus d’une livre sterling l’heure », soit une rétribution nettement inférieure au salaire minimal turc. A cela s’ajoute des conditions sanitaires déplorables, notamment chez les sous-traitants de Zara et Mango. Les mineurs syriens sont employés pour la décoloration des jeans, et manipulent ainsi des produits chimiques toxiques, sans masque de protection. La cadence de travail peut atteindre jusqu’à 12 heures par jour.  

Quelles réactions ?

Face à ce scandale, ces grandes marques ont pris le soin de soigner leur communication. Comme le rapporte lemonde.fr, Marks & Spencer et Asos se sont ainsi engagés à régulariser tous les travailleurs syriens ainsi qu’à participer au financement de la scolarité des enfants employés dans les ateliers. Plus généralement, les entreprises impliquées dans ce scandale feignent d’apprendre ce qui se passe dans les ateliers de confection de leurs sous-traitants turcs. Pourtant, comme le mentionne lemonde.fr, au mois de février 2016, l’ONG Business & Human Rights Ressource Center avait entrepris la démarche d’interroger 28 multinationales afin de les alerter sur la question des droits de l’homme chez leurs fournisseurs. A l’époque, seules 10 d’entre elles avaient accepté de répondre à ce questionnaire, et 4 avaient même été contraintes de reconnaître la présence de réfugiés chez certains de leurs sous-traitants. Parmi lesquelles, C&A, H&M ou encore Primark .

Une nécessaire réforme sur l’étiquetage des produits

Le 11 novembre 2016, 13 personnes ont péri et plusieurs autres ont été blessées dans un incendie dans un atelier textile situé dans la périphérie de New Delhi, en Inde.

Dans ce contexte, et alors que le problème des conditions de travail chez les fournisseurs des grandes chaines internationales est bien connu depuis de nombreuses années, la question qui se pose est : que font les autorités ? Car à l’heure actuelle il ne s’agit plus seulement d’informer, mais davantage de réformer. L’étiquetage des produits de mode notamment, afin de pouvoir donner une information de meilleure qualité au client. Actuellement, comme le souligne le site douane.gouv.fr, « aucune disposition nationale ou européenne n’impose l’apposition d’un marquage d’origine sur les produits importés ou commercialisés dans l’UE, excepté pour certains produits agricoles ou alimentaires ». Mais la provenance ne fait pas tout, car comme nous l’avons montré dans une enquête disponible dans Boutique2Mode n°32, la confection ne représente qu’une partie du savoir-faire. D’où l’initiative que nous avions lancée pour la création d’un label « Conçu en France », qui avait séduit 85% des professionnels de la mode participant à notre sondage. Aujourd’hui le sujet revient à nouveau sur le devant de la scène suite à l’enquête de la BBC. 

Participez au débat !

Une législation plus sévère sur l’étiquetage des produits pourrait amener les multinationales à repenser leur système d’approvisionnement, et rééquilibrerait ainsi les forces entre les différents acteurs de la filière. La rédaction de Boutique2Mode a sollicité les instances européennes sur ce sujet, via notamment le président du groupe PS de Belgique au parlement européen, Marc Tarabella. Ce dernier est d’ailleurs sensible au sujet, puisqu’il a été en 2011 rapporteur pour avis de la commission agriculture dans le dossier de l’étiquetage des produits alimentaires. Il nous a ainsi assuré qu’il étudierait les informations que nous lui apporterons concernant l’étiquetage des produits de mode. Des solutions qui viennent avant tout de vous, professionnels de la mode, dirigeants, détaillants, mais aussi citoyens engagés ! 

Comment apporter une meilleure information au client sur le produit qu’il achète ?

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