Les détaillants indépendants vont-ils participer au Black Friday ? Découvrez les résultats

Près de 38% des détaillants indépendants de la mode comptent participer au Black Friday, qui débute ce vendredi 24 novembre. Un chiffre stable par rapport à 2022, mais l’évènement suscite toujours aussi peu d’engouement.

« Je pense que nous n’avons plus vraiment le choix, dans le contexte actuel, même les clients les plus aisés sont attentifs sur le prix, et sont friands de promotions. Dans ma situation, je ne me vois pas boycotter le Black Friday, alors que toutes les enseignes autour de ma boutique communiquent déjà sur l’événement depuis plusieurs jours. Mais honnêtement j’aurais préféré à ne pas avoir à faire de promotion à ce moment là de l’année. » Le témoignage de Stéphanie, gérante d’une boutique de prêt-à-porter/chaussure pour femme à Marseille, fait aujourd’hui écho pour nombre de détaillants français du secteur de la mode.

Lire aussi : Conseils d’experts : Comment rénover sa boutique sans se ruiner ?

« Pour en avoir discuté avec les commerçants de mon quartier, on constate tous ces derniers jours que c’est un peu plus calme. Certains clients se réservent pour le Black Friday, en se disant que c’est l’occasion d’anticiper les achats de Noël. Pour marquer l’événement, j’ai décidé de proposer des promotions allant de -10% sur les nouvelles collections, à -70% pour des fins de stock dont j’ai du mal à me débarrasser. On verra ce que ça donne », abonde de son côté Léon, gérant d’une boutique de prêt-à-porter pour homme, sur Aix-en-Provence.

Près de 38% des détaillants indépendants comptent proposer des remises à l’occasion du Black Friday 2023

Les résultats de la consultation menée par la rédaction de Boutique2Mode, et à laquelle 3255 détaillants indépendants de la mode ont participé, tous secteurs confondus (prêt-à-porter, chaussure, lingerie, accessoires, maroquinerie…), montre que 37,64% des commerçants comptent ainsi proposer des remises à l’occasion de cette édition 2023 du Black Friday.

Un chiffre stable par rapport à la consultation menée en 2022, et qui montre que malgré l’intérêt des consommateurs pour cet évènement, tous les professionnels ne sont pas prêt à participer au Black Friday. A l’image de Sandrine, gérante d’une boutique de lingerie à Gap. « Chacun fait bien comme il l’entend. Pour ma part je travaille avec une clientèle locale qui fait confiance à mes produits, ainsi qu’à mon expertise et celles de mes deux vendeuses. Alors certes je pourrais surement faire davantage de chiffre d’affaires ce week-end en proposant des remises, mais entre l’énergie dépensée dans la communication et la perte de marge, je n’en vois pas vraiment l’intérêt. Je préfère communiquer et proposer des remises selon mon propre calendrier », témoigne-t-elle. A l’image de Sandrine, ils sont ainsi 58% à ne pas vouloir proposer de promotions pour le Black Friday, essentiellement pour ne pas sacrifier leurs marges. Et ce malgré les demandes de certains clients.

« Samedi dernier, une cliente intéressée par un sac à main m’a demandée si elle pouvait réserver l’article pour le Black Friday. Je lui ai répondu que je n’appliquerais aucune promotion le week-end du 24 novembre, et du coup elle a quand même acheté parce qu’elle avait peur qu’il ne soit plus disponible », partage ainsi Sarah, gérante d’une boutique de prêt-à-porter/accessoires à Troyes.

Lire aussi : Peut-on encore vendre sans promotions ?

Le black Friday, une perte de marge pour les détaillants français

Qu’ils participent ou non à cette édition 2023 du Black Friday, une chose est certaine, l’engouement des détaillants indépendants vis-à-vis de cet événement reste toujours au plus bas. 80% des professionnels interrogés considèrent ainsi que le Black Friday représente une « perte de marge ou de clientèle ». Et seuls 25% estiment qu’il représente une réelle opportunité de ventes supplémentaires. Signe que comme le montrent les précédents témoignages, les promotions qui sont pratiquées sont davantage contraintes que voulues.

« C’est un événement qui ne fait pas sens lorsqu’on vend au prix juste. Les magasins peuvent proposer toutes les remises qu’ils souhaitent, si seule la considération économique prévaut, ils ne pourront concurrencer les acteurs de la fast fashion en termes de prix. Nous mettons l’accent sur la valeur du produit, ses qualités de style et son éco-responsabilité. La FNH soutient une consommation raisonnée, qui privilégie la qualité et la durabilité… Avec le Black Friday, on est malheureusement loin du rêve du Green Friday ! », analyse à juste titre Pierre Talamon, président de la FNH. .

Quelles alternatives au Black Friday ?

Dans ce contexte, d’autres commerçants veulent profiter du Black Friday pour communiquer différemment, et même organiser des évènements en boutique, mais sans promotions. « Comme c’est un week-end où il y aura forcément plus de trafic en centre-ville, je me suis dit que c’est l’occasion idéale d’organiser une soirée dans mon magasin, ce vendredi. Un ami à moi se chargera de l’ambiance musicale, et pour la nourriture j’ai fait appel au traiteur de mon quartier, et en plus comme on se connait bien il m’a fait un prix, partage ainsi Marvin, gérant d’un concept store à Strabourg. Nous avons actuellement plus de 60 réservations, ça sera l’occasion de retrouver des clients qui ne sont plus venus en boutique depuis quelques temps, passer un moment de détente, et qui sait peut-être aussi réaliser quelques ventes ! »

Avec un budget plus restreint, mais toujours dans l’idée de récompenser sa clientèle, Emilie, détaillante en chaussure à Nantes, a décidé de son côté d’offrir des bons d’achats allant de 5 à 50 euros, en fonction du montant dépensé, mais seulement aux clientes qui ont effectué au moins 3 achats dans sa boutique au cours des deux dernières années. « Cela me tenait à cœur de récompenser celles qui commandent souvent chez moi, que ce soit dans ma boutique ou en ligne. J’ai donc décidé d’envoyer à mes meilleures clientes, environ une soixantaine, des bons d’achats dont le montant varie en fonction du montant dépensé. Pour la communication, comme l’offre est ciblée, j’ai envoyé un emailing dans un premier temps, puis une campagne SMS quelques jours après. Tout cela représente certes du temps et un certain budget, mais derrière je ne fais aucune promotion dans mon magasin, et du coup, pour celles qui viendront avec leur bon d’achat, ça leur montre qu’elles sont des clientes spéciales », justifie-t-elle.

Lire aussi : Détaillants mode : Quel positionnement choisir pour faire venir les clients en boutique ?

Et de prouver que le Black Friday peut aussi être transformé comme une opportunité pour les indépendants de se démarquer de la politique commerciale des grandes enseignes. Autant de bonnes pratiques dont s’inspirer, à l’heure où le consommateur est à la recherche d’une relation humaine et donc de confiance avec son commerçant de proximité !

---

Vous souhaitez-vous faire accompagner dans la mise en place d’une stratégie marketing et/ou digitale (SMS, emailing, réseaux sociaux, e-commerce…) ?

La rédaction de Boutique2Mode a sélectionné des professionnels compétents pour accompagner les commerçants dans le développement digital de leur activité.

Notre partenaire Solutions Boutiques se charge de vérifier vos droits à la formation professionnelle, et de constituer le dossier de demande de financement auprès de votre OPCO (opérateur de compétences), de telle sorte que le reste à charge soit le plus faible possible, voire même inexistant.